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Antilles et Guyane :
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Largages en ligne de mire ?
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par
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Alexandre Gerbi
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Ces temps-ci, difficile de dire si la Ve République blanciste agonise, ou si, sous prétexte d’en finir avec ses vieux démons, elle s’apprête à connaître l’une de ses innombrables métamorphoses afin de mieux poursuivre ses objectifs fondateurs… Le régime nous a habitués, depuis un demi-siècle, à trop de duplicité, pour que nous n’appréhendions pas aujourd’hui avec la plus extrême méfiance ses nouvelles déclarations d’intention.
A l’occasion de l’embrasement de la Guadeloupe sous la houlette d’un collectif dont le leader, Elie Domota, se trouve être aussi indépendantiste, voici qu’affleure çà et là, y compris dans la bouche du chef de l’Etat, la question de l’indépendance. Bien sûr, pour le moment, le mot en tant que tel reste tabou et n’est pas prononcé. On préfère parler d’une très honorable révision du « statut » des DOM dans de très opportuns « états généraux »…
Yves Jégo, secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, déclarait sur le plateau de Ripostes (France 5), le 22 février : « Qu’est-ce que dit le président (Sarkozy) ? Il dit (…) "gouvernance" au sens large... Alors autonomie, décentralisation… Posons-nous les questions. (…) Je pense qu’effectivement, dans des régions aussi éloignées de la métropole, il faut que les formes de gouvernance locale permettent aux acteurs locaux d’avoir plus de responsabilités, la Constitution le permet, le président de la République est prêt à ouvrir ce débat, mais il faut qu’on ait aussi le courage de dire que plus de responsabilités ce sera, quelque part, moins d’Etat ou mieux d’Etat (…) »
L’histoire de la France colonialiste enseigne que, sur le chemin du largage déguisé en indépendance, l’autonomie fait souvent office d’étape, voire de tremplin. Or, tantôt à mots couverts, tantôt ouvertement, c’est bien d’autonomie qu’il est aujourd’hui question tous azimuts. En attendant « mieux »…
Certains objecteront :
« Comment voulez-vous que, d’ici quelques années et après quelques très démocratiques tables rondes, les Antilles, Guadeloupe, Martinique, voire la Guyane, puissent devenir indépendantes, alors que l’écrasante majorité de leur population y est largement défavorable ? »
A quoi je répondrai : et pourquoi pas ? Il y a cinquante ans, les territoires de l’Afrique dite française ont bien accédé à l’indépendance alors même que l’écrasante majorité de leurs populations et de leurs leaders n’y étaient pas favorables…
Certains objecteront encore :
« Comment voulez-vous que les Antilles, voire la Guyane, deviennent indépendantes au nom d’un mieux-disant économique et social, alors que leurs populations savent très bien qu’à ce petit jeu-là, elles risquent de connaître une vertigineuse dégringolade économique et sociale ? »
A quoi je répondrai : et pourquoi pas ? Il y a cinquante ans, malgré des réserves exactement analogues, les territoires de l’Afrique française connurent bien une pareille trajectoire… Aux sons de cors joyeux et triomphants, on fit avaler aux populations africaines chutes, douleurs et drames… Décennies après décennies, de beaux esprits français, africains et internationaux justifièrent les souffrances du petit peuple d’Afrique, au nom des « passages obligés de l’histoire », prix à payer sur le glorieux chemin de la liberté nationale et des lendemains qui chantent…
Certains diront enfin :
« Ainsi donc, les Antilles, voire la Guyane, deviendraient indépendantes, avec le risque d’être désormais la proie de petits dictateurs nationalistes plus ou moins illuminés jouant la carte du bourrage de crâne et du lavage de cerveau, sur fond de répression sanglante et d’intrigues états-uniennes, chinoises, voire, plus simplement, françaises ? »
A quoi je répondrai : et pourquoi pas ? Il y a cinquante ans, les territoires africains devenus indépendants s’engagèrent, pour beaucoup, dans des voies similaires, entre dictature, corruption et nationalisme, avec la bénédiction et l’appui de la Ve République, et sans que qui que ce soit, finalement, y trouve grand-chose à redire… D’ailleurs, depuis, nul ne songe à rappeler que ces pseudo-indépendances, désastreuses pour les populations africaines, furent voulues par l’ancien colonisateur avec la complicité de ses grands rivaux internationaux, officiellement pour le plus grand bien de l’Afrique, dans les faits afin de prolonger l’exploitation de populations désormais sans défense…
Mais foin de ces jérémiades ! Après tout, pourquoi s’opposer à ce nouveau grand bond en avant de l’Histoire, inscrit dans le droit fil de l’idéologie de la Ve République blanciste et de la merveilleuse idéologie mondiale issue de la guerre froide, dont on observe, depuis cinquante ans, les indiscutables splendeurs, et les fabuleuses conquêtes sociales ?
La Ve République blanciste, incapable de s’opposer à l’immigration dans l’Hexagone de cohortes d’anciens indigènes accablés de misère, trouverait là le moyen de se débarrasser d’un seul coup d’un seul de quelques millions de citoyens Nègres de plus en plus excités, de moins en moins dociles, de plus en plus coûteux, et, c’est bien connu, comme toujours les Nègres, incapables de la moindre compétitivité économique.
De leur côté, les gentils nationalistes locaux verraient leur grand soir s’accomplir, et leurs populations invitées, sous les confettis et les serpentins, à payer l’addition, en monnaie de misère, de narcissisme débilitant, ou de coups de bâton sur la tête – cette fois, évidemment, pour la bonne cause…
Car aujourd’hui, comme au beau temps de la décolonisation, de nombreux camps voient leurs intérêts immédiats converger…
Il y a six ans, le dernier projet de réforme du statut des Antilles, porté à l’époque par l’UMP et le PS sous les applaudissements des indépendantistes, fut rejeté le 7 novembre 2003 par les populations guadeloupéennes et martiniquaises, qui y virent une entourloupe destinée à les pousser subrepticement vers la sortie de la République. Les événements actuels offriraient-ils une occasion d’accomplir tout de même cette superbe réforme ?
Mais je m’égare. Nicolas Sarkozy ignore la duplicité. Il n’est pas homme à imposer au peuple, par des chemins de traverse, un statut ou un traité rejeté démocratiquement quelques années plus tôt. Chacun sait qu’il entend rompre, et qu’il rompra, avec les fâcheux penchants du régime. Le peuple sera écouté. Les populations antillaises seront écoutées. Elles cesseront d’être méprisées et prises par l’Etat pour des Français de seconde zone, reléguées dans un assistanat condescendant et pervers. Elles ne seront pas caressées dans le sens du poil identitaire et racial au gré d’une stratégie visant à les pousser à prendre le large. Les indépendantistes ne seront pas instrumentalisés pour négocier adroitement un nouveau largage des territoires ultramarins, et par trop nègres, de la France, qui a bien d’autres chats à fouetter…
Ces temps-ci, difficile de dire si la Ve République blanciste agonise, ou si, sous prétexte d’en finir avec ses vieux démons, elle s’apprête à connaître l’une de ses innombrables métamorphoses afin de mieux poursuivre ses objectifs fondateurs… Le régime nous a habitués, depuis un demi-siècle, à trop de duplicité, pour que nous n’appréhendions pas aujourd’hui avec la plus extrême méfiance ses nouvelles déclarations d’intention.
A l’occasion de l’embrasement de la Guadeloupe sous la houlette d’un collectif dont le leader, Elie Domota, se trouve être aussi indépendantiste, voici qu’affleure çà et là, y compris dans la bouche du chef de l’Etat, la question de l’indépendance. Bien sûr, pour le moment, le mot en tant que tel reste tabou et n’est pas prononcé. On préfère parler d’une très honorable révision du « statut » des DOM dans de très opportuns « états généraux »…
Yves Jégo, secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, déclarait sur le plateau de Ripostes (France 5), le 22 février : « Qu’est-ce que dit le président (Sarkozy) ? Il dit (…) "gouvernance" au sens large... Alors autonomie, décentralisation… Posons-nous les questions. (…) Je pense qu’effectivement, dans des régions aussi éloignées de la métropole, il faut que les formes de gouvernance locale permettent aux acteurs locaux d’avoir plus de responsabilités, la Constitution le permet, le président de la République est prêt à ouvrir ce débat, mais il faut qu’on ait aussi le courage de dire que plus de responsabilités ce sera, quelque part, moins d’Etat ou mieux d’Etat (…) »
L’histoire de la France colonialiste enseigne que, sur le chemin du largage déguisé en indépendance, l’autonomie fait souvent office d’étape, voire de tremplin. Or, tantôt à mots couverts, tantôt ouvertement, c’est bien d’autonomie qu’il est aujourd’hui question tous azimuts. En attendant « mieux »…
Certains objecteront :
« Comment voulez-vous que, d’ici quelques années et après quelques très démocratiques tables rondes, les Antilles, Guadeloupe, Martinique, voire la Guyane, puissent devenir indépendantes, alors que l’écrasante majorité de leur population y est largement défavorable ? »
A quoi je répondrai : et pourquoi pas ? Il y a cinquante ans, les territoires de l’Afrique dite française ont bien accédé à l’indépendance alors même que l’écrasante majorité de leurs populations et de leurs leaders n’y étaient pas favorables…
Certains objecteront encore :
« Comment voulez-vous que les Antilles, voire la Guyane, deviennent indépendantes au nom d’un mieux-disant économique et social, alors que leurs populations savent très bien qu’à ce petit jeu-là, elles risquent de connaître une vertigineuse dégringolade économique et sociale ? »
A quoi je répondrai : et pourquoi pas ? Il y a cinquante ans, malgré des réserves exactement analogues, les territoires de l’Afrique française connurent bien une pareille trajectoire… Aux sons de cors joyeux et triomphants, on fit avaler aux populations africaines chutes, douleurs et drames… Décennies après décennies, de beaux esprits français, africains et internationaux justifièrent les souffrances du petit peuple d’Afrique, au nom des « passages obligés de l’histoire », prix à payer sur le glorieux chemin de la liberté nationale et des lendemains qui chantent…
Certains diront enfin :
« Ainsi donc, les Antilles, voire la Guyane, deviendraient indépendantes, avec le risque d’être désormais la proie de petits dictateurs nationalistes plus ou moins illuminés jouant la carte du bourrage de crâne et du lavage de cerveau, sur fond de répression sanglante et d’intrigues états-uniennes, chinoises, voire, plus simplement, françaises ? »
A quoi je répondrai : et pourquoi pas ? Il y a cinquante ans, les territoires africains devenus indépendants s’engagèrent, pour beaucoup, dans des voies similaires, entre dictature, corruption et nationalisme, avec la bénédiction et l’appui de la Ve République, et sans que qui que ce soit, finalement, y trouve grand-chose à redire… D’ailleurs, depuis, nul ne songe à rappeler que ces pseudo-indépendances, désastreuses pour les populations africaines, furent voulues par l’ancien colonisateur avec la complicité de ses grands rivaux internationaux, officiellement pour le plus grand bien de l’Afrique, dans les faits afin de prolonger l’exploitation de populations désormais sans défense…
Mais foin de ces jérémiades ! Après tout, pourquoi s’opposer à ce nouveau grand bond en avant de l’Histoire, inscrit dans le droit fil de l’idéologie de la Ve République blanciste et de la merveilleuse idéologie mondiale issue de la guerre froide, dont on observe, depuis cinquante ans, les indiscutables splendeurs, et les fabuleuses conquêtes sociales ?
La Ve République blanciste, incapable de s’opposer à l’immigration dans l’Hexagone de cohortes d’anciens indigènes accablés de misère, trouverait là le moyen de se débarrasser d’un seul coup d’un seul de quelques millions de citoyens Nègres de plus en plus excités, de moins en moins dociles, de plus en plus coûteux, et, c’est bien connu, comme toujours les Nègres, incapables de la moindre compétitivité économique.
De leur côté, les gentils nationalistes locaux verraient leur grand soir s’accomplir, et leurs populations invitées, sous les confettis et les serpentins, à payer l’addition, en monnaie de misère, de narcissisme débilitant, ou de coups de bâton sur la tête – cette fois, évidemment, pour la bonne cause…
Car aujourd’hui, comme au beau temps de la décolonisation, de nombreux camps voient leurs intérêts immédiats converger…
Il y a six ans, le dernier projet de réforme du statut des Antilles, porté à l’époque par l’UMP et le PS sous les applaudissements des indépendantistes, fut rejeté le 7 novembre 2003 par les populations guadeloupéennes et martiniquaises, qui y virent une entourloupe destinée à les pousser subrepticement vers la sortie de la République. Les événements actuels offriraient-ils une occasion d’accomplir tout de même cette superbe réforme ?
Mais je m’égare. Nicolas Sarkozy ignore la duplicité. Il n’est pas homme à imposer au peuple, par des chemins de traverse, un statut ou un traité rejeté démocratiquement quelques années plus tôt. Chacun sait qu’il entend rompre, et qu’il rompra, avec les fâcheux penchants du régime. Le peuple sera écouté. Les populations antillaises seront écoutées. Elles cesseront d’être méprisées et prises par l’Etat pour des Français de seconde zone, reléguées dans un assistanat condescendant et pervers. Elles ne seront pas caressées dans le sens du poil identitaire et racial au gré d’une stratégie visant à les pousser à prendre le large. Les indépendantistes ne seront pas instrumentalisés pour négocier adroitement un nouveau largage des territoires ultramarins, et par trop nègres, de la France, qui a bien d’autres chats à fouetter…
Alexandre Gerbi
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