samedi 14 mars 2009

Après la crise aux Antilles


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Indépendance
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Claude Garrier
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Dans une interview publiée vendredi 13 février 2009 par Le Parisien, Martine Aubry déclarait : « Je crains effectivement que le sentiment de ras le bol des Guadeloupéens et des Martiniquais se diffuse ici ». Elle ajoutait : « C'est ce décalage [la surdité du chef de l’État aux attentes des Français] qui me fait craindre une propagation des événements qui agitent les Antilles ».

Voici le chef d’un parti dit « de gauche » qui craint une action de masse ; il oublie que « la force est l’accoucheuse de toute vieille société en travail » (Karl Marx, Le capital, Livre I, Garnier-Flammarion, 1969, p. 556). Il ne faut pas confondre « vieille société » et « société de vieux ». La société française, plus généralement les sociétés de l’Union Européenne et de la Russie, ne sont plus en état d’être « en travail ».

Alors que l’âge moyen en Guadeloupe est de 34,6 ans, celui de la métropole s’élève à 39,5 ans, supérieur de cinq années, ce qui explique (au regard des principes dégagés par Gaston Bouthoul) en partie l’explosion de violence dans ce département. L’âge moyen martiniquais est inférieur de trois ans à l’âge moyen national : 36,4 ans contre 39,5 ans ; plus encore, celui de la Guyane est de treize ans inférieur à celui de la France métropolitaine (26,6 ans contre 39,5 ans)1.

Martine Aubry, premier secrétaire du Parti socialiste, craindrait-elle une pollution de la politique métropolitaine par les habitants des DOM-TOM, alors que se présente l'amorce d'un mouvement qui pourrait ouvrir la voie à une rupture avec 50 ans de monarchie, de « coup d’État permanent » ? En octobre-novembre 2005, l'émeute des banlieues offrait une occasion (« opportunité » dans ce sens-là est un anglicisme, certes répandu, mais pas très beau…) comparable qui n'a pas été exploitée et même qui a été rejetée avec horreur par les « socialistes » ou ceux qui se prétendent tels. Il est vrai que les émeutiers étaient présentés comme maghrébins et africains « issus de l’immigration » alors qu’il s’agissait de jeunes nés en France ; rien de bien encourageant. Hélène Carrère d'Encausse avait, à cette occasion, fustigé la polygamie, cause selon elle de la mauvaise éducation des jeunes des banlieues.

Dans l’optique politicienne d’une collecte d’électeurs, on note que le sondage d’OpinionWay-Le Figaro, publié par le Figaro, trouve 51 % de Français de l'Hexagone favorables à l'indépendance (au largage) de la Guadeloupe (et du reste) ; le questionnement auquel procède le site LePost obtient, le 2 mars 2009, 60,7 % de réponses favorables à l’indépendance de la Guyane, alors que 80 % des Guyanais ne la souhaite pas.

En 1998, Laurent Gbago, alors député de Côte d’Ivoire, évoquait, dans un entretien privé, la discussion qu’il avait eue avec les indépendantistes antillais. Alors que Laurent Gbagbo s’étonnait de ce qu’ils avaient abandonné leur revendication, les ex-indépendantistes lui avaient répondu que c’était « à cause de la petite voiture jaune », celle de la poste qui apporte les mandats d’allocations familiales, d’aides au logement, etc.

La volonté de maintien dans la structure française n’est pas désintéressée pour tous les « départemento-colonisés ». Est-elle plus sincère ailleurs ?

Je rappelle que les Alsaciens ont accepté de revenir dans la structure française en 1918 sous la condition de préserver les avantages tirés du concordat (rémunération des clergés par l’État, enseignement de la théologie à l’université de Strasbourg), maintien de la forme échevinale des tribunaux de commerce (un président, magistrat professionnel, des assesseurs commerçants élus) et des conseils de prud’hommes (forme abandonnée : loi du 6 mai 1982), un régime d’assurances maladie alors inconnu en France et généralisé en 1945.

Il y a peu de mariages complètement désintéressés. Cela n’a pas empêché des Alsaciens de choisir la France en juin 1940 (au lieu de retourner dans leur région) et de continuer le combat sous des formes diverses jusqu’à l’écrasement des forces allemandes.

La situation présente, particulièrement les atermoiements voulus par l’Élysée et le Medef, est-elle destinée à préparer le largage des derniers « Nègres », l'aboutissement de l'opération entreprise par de Gaulle et consorts2 ?




Claude Garrier

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