mardi 27 janvier 2009

Le Dr Claude Garrier, membre cofondateur du Club Novation Franco-Africaine, nous a envoyé cette nouvelle tribune. Comme indiqué en exergue de son Manifeste, notre Club est une « constellation d’individu et de facettes libres ». Nous avons des ancrages politiques différents et même des divergences, bien que nous ayons décidé de nous unir pour dénoncer le mensonge de la décolonisation franco-africaine. Cette tribune consacrée aux chimères occidentales n’engage donc que son auteur, notre ami Claude Garrier...
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Nous en profitons pour souhaiter à nos visiteurs et au reste du monde une merveilleuse année 2009, pleine de rêves réalisés et de bonheur. Puisse la crise qui semble devoir s'amplifier conduire les esprits qui pensent à notre place à dire enfin la vérité, toute la vérité sur la décolonisation franco-africaine. Afin qu'ayant désigné les sources de tant de nos maux, des remèdes puissent être trouvés pour construire heureusement l'avenir...
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Chimères occidentales

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Claude Garrier



Les occidentaux ne subissent plus aucun danger concret, immédiat. Ils en inventent donc pour se faire peur, pour se donner des frissons, préserver leur illusion de régner sur le monde, d’être porteurs de LA civilisation, de LA Vérité (vous notez la majuscule). Ce besoin est, peut-être, la forme actuelle de l’enseignement dispensé depuis plus de 1 500 ans par les christianismes construits autour de l’illusion d’une Histoire centrée sur un personnage (mythique) dont les occidentaux sont les héritiers spirituels, chargés d’une mission sacrée : répandre LA Bonne Parole.

Comme le sentiment religieux au sens strict, est en régression, ils le remplacent par une nouvelle foi en une Science aux injonctions incontournables.

Leur nouvelle religion est le « réchauffement climatique », l’annonce de temps nouveaux précédés de cataclysmes qui n’ont rien d’inférieur à ceux qu’anticipe l’évangile selon Marc (13, 24-32).

Ces désastres apocalyptiques sont nécessaires à des sociétés dont les maladies mortelles en expansion, cancers et troubles cardiaques, résultent d’une obésité, conséquence d’une alimentation boulimique. L’écroulement des « tours jumelles » (un peu plus de 2 000 morts) n’est rien au regard des centaines de milliers de civils broyés sous les tirs américains en Irak, en Afghanistan, mais pour le moral des Occidentaux, ce fut une intolérable agression. Une action politique d’hostilité à la colonisation rampante devint prétexte à une croisade du Bien (les oukases imposés par les Occidentaux) contre le Mal (tout rejet de leurs diktats).

Les Occidentaux sont environ 700 millions ; ils forment approximativement le 1/10 de la population mondiale. Depuis cinq siècles, ils imposent cependant leur volonté à l’ensemble de la planète. Ils sont à l’origine de fléaux qu’ils s’évertuent à combattre. Anglais et Français imposent au milieu du XIXème siècle la prolifération des dérivés de l’opium et leur consommation sans frein, produits toxiques qui ne sont utilisés qu’à des fins médicales par les peuples d’Extrême Orient ; dans l’intérêt mercantile des planteurs britanniques implantés en Inde, ils écrasent à deux reprises l’armée chinoise (guerres de l’opium et traités inégaux). Les Américains, par hostilité envers l’Union soviétique et le plus total mépris du droit des femmes que le gouvernement d’Afghanistan aidé par son grand voisin, tente d’imposer, financent tout ce qui s’oppose à ce gouvernement, tout particulièrement les combattants venus du monde musulman (dont bon nombre de Turcs) à l’appel d’Oussama ben Laden, certains « seigneurs de la guerre ». Le départ de l’Armée rouge laisse la place libre (dans l’imaginaire des pétroliers américains) pour la construction d’un pipe-line à travers ce pays ; les princes de la finance américaine et leurs alliés politiciens semblent avoir négligé que ceux qui risquaient leur vie sous les bombes, les obus à gaz soviétiques, défendaient une cause qui leur était propre.

Ailleurs, il est des pays (fort nombreux) où les gens n’ont pas même un vrai lit, où on ne rêve pas. La préoccupation au réveil n’est pas de savoir pourquoi la planète se réchauffe, mais comment manger dans les minutes qui suivent. Il en est d’autres où l’obésité n’est pas de mise, mais où la question est en s’endormant : « Verrai-je le soleil demain ? A moins qu’une bombe m’ait broyé dans la nuit sous les ruines de ma maison ».

Les émeutes de la faim qui ont marqué le premier semestre 2008, n’ont trouvé d’autre solution que des répressions brutales, des massacres. Les dirigeants de vingt puissances économiques (le G8 : Allemagne, France, Etats-Unis, Japon, Canada, Italie, Royaume-Uni et Russie) ; 11 pays émergents : Argentine, Australie, Arabie saoudite, Afrique du sud, Brésil, Chine, Corée du sud, Inde, Indonésie, Mexique, Turquie ; ainsi que l'Espagne), réunis le 15 novembre 2008 à Washington sur la proposition du premier ministre du Japon et du président de l’Union européenne, ont cantonné leurs réflexions à des déclarations de principe portant sur la lutte contre les dérives du système financier international. La misère des peuples, leur alimentation sont restées ignorées. On note que seule l’Afrique du Sud était représentée ; le reste du continent, de l’Algérie à la Namibie, du Sénégal à la Somalie, est oublié. Pourtant, au Cameroun, on a compté des dizaines de morts en avril 2008, en Egypte, une inflation galopante frappe les produits alimentaires, écrasant la population, des grèves générales ou des émeutes causées par la hausse des prix de ces produits ont éclaté au Burkina Faso, en Guinée, en Mauritanie, au Maroc, au Sénégal, etc. En Côte d’Ivoire, le prix du gazole a subi une augmentation de 44 % en juillet 2008, provoquant une grève des taxis et des minibus (gbakas) et l’arrêt de la plupart des activités faute de moyen de transport ; le 20 juillet, le gouvernement avait atténué les hausses surle gasoil et le pétrole pour les lampes ; au début de novembre, il a procédé à une baisse du prix des carburants et des produits pétroliers. Le 20 juillet 2008, il a adopté diverses mesures (total de 200 milliards FCFA, soit 300 millions d’euros) destinées à réduire la cherté de la vie ; celles-ci bénéficient essentiellement aux fonctionnaires et agents de l`Etat (hausse des indemnités transport) ; rien n’est envisagé pour les sans-emploi qui, par millions sur tout le continent « se débrouillent » dans des activités proches de la mendicité (gardiens de voitures en stationnement) ou le secteur informel (infimes commerces de beignets, de légumes, de parfums), voire la prostitution.

Les Occidentaux qui imposent au reste de la planète le respect sans faille des dogmes élaborés vers 1960 par Milton Friedman et appliqués rigoureusement avec le résultat que l’on sait au Chili par Pinochet, en Russie par Boris Eltsine, etc, ont soin de persévérer dans la subvention de l’agriculture vivrière (PAC de l’Union européenne) et du coton (USA). Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, accuse les USA et l’UE de «pénaliser les pays pauvres et de contribuer à l’urgence actuelle», ce qui ne les perturbe pas.
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Dr Claude Garrier
c_garrier@yahoo.fr